Le traitement conservateur (qui ne retire pas complètement l’ensemble de la glande), est maintenant fréquent, du fait des dépistages précoces, et de l’efficacité des traitements adjuvants (chimiothérapie, radiothérapie, hormonothérapie).
Selon l’importance des traitements subis , le chirurgien est amené à réparer :
La décision chirurgicale est prise au cas par cas, en réunion multidisciplinaire (RCP), le plus souvent après un délai de 1 an après la fin des traitements.
En terrain irradié , le risque de complications postopératoires (cf. augmentation mammaire, cure de ptose, prothèses, lipofilling)) est plus fréquent , avec des résultats plus aléatoires; cela est en grande partie lié à un déficit de vascularisation et d’oxygénation des tissus traités. Ces complications peuvent survenir lors du remodelage du sein , de la mise en place de prothèse (contractures, infections,..) et du lipofilling (nécrose ou de retard de cicatrisation). L’utilisation d’un lambeau partiel de grand dorsal, comme le lipofilling, permet d’amener du volume et une vascularisation bénéfique.
Lors d’une mastectomie totale, la glande mammaire est complètement retirée. La reconstruction peut être proposée immédiatement, ou bien être différée.
1 -La reconstruction immédiate est possible dans le même temps que la mastectomie, de préférence si aucune radiothérapie n’est envisagée (qui risquerait de compromettre le résultat obtenu, notamment prothétique). Cette solution permet d’atténuer le traumatisme physique et psychologique de l’ablation mammaire. Cependant, si le sacrifice cutané nécessaire est important, le positionnement exact et le volume prothétique adéquat sont parfois difficiles à obtenir en un seul temps, et peuvent nécessiter des retouches.
Cas particulier: les mastectomies avec conservation de l’étui cutané (Skin Sparing Mastectomy), qui ont des indications particulières pour les lésions précancéreuses, les tumeurs locales non invasives, et certaines mastectomies prophylactiques. Du fait de la conservation de l’enveloppe cutanée, voire le la PAM, les résultats plastiques de reconstruction sont généralement très satisfaisants avec remplacement de la glande par une prothèse, et le plus souvent dans le même espace chirurgical (prémusculaire).
2 -La reconstruction différée est réalisée en dehors de ces cas, ou par prudence pour certaines équipes. Les reconstructions se font dans un deuxième temps, après l’attente des résultats histologiques définitifs, la cicatrisation complète de la mastectomie, et 6 mois à 1 an minimum après la fin de la radiothérapie.
Les principes de la reconstruction mammaire immédiate ou différée après mastectomie totale sont de:
I/ LA RECONSTRUCTION DU VOLUME MAMMAIRE
La reconstruction du volume mammaire est la première étape. C’est l’intervention la plus importante (et la plus délicate) du processus de reconstruction. Plusieurs techniques sont possibles selon la qualité et la quantité du revêtement cutané après mastectomie, et d’une radiothérapie associée: prothèse simple ou d’expansion, lambeaux, lipofilling.
a) Les prothèses de reconstruction
C’est la solution la plus simple quand la qualité et la souplesse de la peau et du muscle pectoral le permettent, et quand il n’y a pas eu de radiothérapie (qui majore le risque de contractures).
L’intervention consiste à introduire par la cicatrice de mastectomie une prothèse en silicone ou de sérum physiologique sous le muscle grand pectoral. Les prothèses utilisées sont en général anatomiques afin d’obtenir un galbe plus naturel. Un lambeau cutané d’avancement abdominal pour gagner de la peau est parfois associé.
En dehors des risques propres aux prothèses, l’inconvénient est une relative fixité du volume et de la forme du sein reconstruit par rapport au sein opposé qui ne “vieillit” pas de la même manière, et donc une durabilité de la symétrie mammaire rarement obtenue. Un lipofilling peut alors être associé utilement (cf.).
La prothèse d’expansion est une prothèse gonflable qui est utilisée si la qualité de la peau le permet, et quand la souplesse des tissus est insuffisante pour pouvoir placer immédiatement une prothèse du volume désiré. La prothèse gonflable d’expansion est placée sous la peau thoracique et le muscle grand pectoral, puis est gonflée au cours de cette même intervention à l’aide de sérum physiologique jusqu’au volume permis par l’élasticité de la peau et du muscle; ensuite, lors de consultations post-opératoires, le chirurgien injectera du sérum physiologique complémentaire à travers une valve placée sous la peau, sur ou à distance de la prothèse, ce qui permet de distendre progressivement les tissus (en les amincissant cependant). Le rythme est hebdomadaire, en général pendant un à deux mois, jusqu’à obtenir le volume voulu. A la fin ce cette période d’expansion, une deuxième intervention chirurgicale permettra de remplacer cette prothèse temporaire par une prothèse définitive, en général dans le même temps que la symétrisation (cf. après).
b) Les lambeaux
En dehors d’un souhait spécifique des patientes (refus des prothèses), les lambeaux sont en en général proposés en deuxième intention, quand la reconstruction par prothèse simple est impossible (radiothérapie ou insuffisance de revêtement cutané). Ils permettent d’apporter du volumes et du tissu bien vascularisé en qualité et en quantité suffisante. Deux types de lambeaux sont les plus fréquents:
Cette technique fiable consiste à transférer, sur la zone de mastectomie, de la peau et du muscle prélevés sur le dos du même côté. Si le volume est insuffisant il est possible d’adjoindre une prothèse (éventuellement d’expansion), ou de réaliser secondairement un lipofilling (cf.)
Les inconvénients du prélèvement du lambeau dorsal sont: cicatrice dorsale, déficit musculaire liée au prélèvement, différence de couleur et de texture de la peau donnant un effet de “pièce rapportée”, et la survenue fréquente de séromes dorsaux transitoires (3 à 5 semaines) nécessitant des ponctions.
La reconstruction du sein par lambeau de grand droit permet d’utiliser la palette cutanéo-graisseuse sous-ombilicale (qui correspond à celle excisée lors d’une abdominoplastie), de volume plus important que le lambeau de grand dorsal, pour reconstruire le sein.
Le lambeau est déplacé sur la zone de mastectomie puis modelé pour obtenir une forme très naturelle, le plus souvent sans recours à une prothèse supplémentaire, car le volume est généralement suffisant. La fermeture abdominale est celle d’une abdominoplastie, en renforçant aussi la paroi abdominale à l’endroit du prélèvement musculaire par une plaque synthétique.
L’avantage principal de ce type de lambeau est de pouvoir reconstruire un sein plus naturel, sans ajout de prothèse, et qui peut suivre les variations de poids de la patiente.
Les inconvénients sont une intervention plus longue et plus délicate, une convalescence postopératoire plus longue, effet de « pièce rapportée » sur le sein reconstruit, un risque de fragilisation de la paroi abdominale avecpossibilité d’éventration, nécrose (en règle partielle), de séromes nécessitant des ponctions.
Il consiste à faire « glisser » une partie de la peau sous mammaire du thorax et du ventre vers la zone de mastectomie. Cela permet d’apporter de la peau en quantité pour pouvoir mettre en place d’une prothèse.
Cette technique peut être précédée ou complétée par un lipofilling. Elle évite l’utilisation des lambeaux musculaires (muscles droit ou dorsal). Elle donne ses meilleurs résultats en l’absence de radiothérapie pariétale.
c) Les lipofillings
La technique de lipofilling fait depuis longtemps la preuve de son efficacité pour de nombreuses indications plastiques ou esthétiques. C’est une greffe de graisse qui consiste à réinjecter, chez un même patient, de la graisse prélevée par lipoaspiration. Il s’agit donc d’une autogreffe de graisse, sans risque de rejet.
Son application aux reconstructions de seins est en plein essor et complète l’arsenal thérapeutique du chirurgien.
Cette technique peut être utilisée seule ou combinée aux autres techniques classiques.
Ses indications sont nombreuses:
Un bilan sénologique comprenant une mammographie et une échographie récentes est systématiquement demandé avant l’opération. Ce bilan permet de vérifier la normalité des seins avant l’opération et de servir d’examen de référence pour la surveillance ultérieure.
L’intervention est menée le plus souvent sous anesthésie générale La graisse est obtenue par prélèvement (abdomen, hanches, cuisses, fesses…). Elle est ensuite purifiée par centrifugation, puis injectée à l’aide de petites canules au pourtour de la glande au travers de 2 à 3 incisions punctiformes (1 mm). Selon l’indication et la qualité du site receveur, la quantité moyenne injectée peut aller jusqu’à 300 cc.
Il est recommandé une certaine stabilité pondérale dans les suites opératoires car le volume du sein suivra la courbe de poids.
Avantages
Inconvénients
Complications: Imperfections localisées (hypo-correction , asymétrie légère, irrégularités), accessibles à un traitement complémentaire à partir du 6ème mois post-opératoire; enkystement ou nécrose (cytostéatonécrose).
II/ LA SYMETRISATION MAMMAIRE
Il s’agit du deuxième temps de la reconstruction. Il peut être entrepris sur le sein opposé quand les suites de la précédente intervention sont stabilisées (en général après deux mois), et quand l’asymétrie est jugée inconfortable et/ou disgracieuse . L’idéal est d’opérer avec un poids stabilisé, surtout en cas de reconstruction prothétique du sein atteint dont le volume ne variera pas.
La symétrisation consiste le plus souvent en une cure de ptose mammaire ou une réduction mammaire. Le chirurgien adapte le volume et la forme du sein pour le rapprocher du sein reconstruit ; il positionne l’aréole en fonction de son dessin sur le sein reconstruit, en surcorrigeant légèrement (1 cm environ) pour anticiper une petite rechute naturelle post-opératoire.
Un geste chirurgical peut être associé au niveau du sein reconstruit, par exemple :
III/ RECONSTRUCTION DE L’AEROLE ET DU MAMELON (PAM : plaque areolo-mamelonnaire)
Cette étape interviendra idéalement lorsque le sein reconstruit aura pris sa place définitive, en général 4 à 5 mois après la reconstruction mammaire, et deux mois après la symétrisation. Mais certains réalisent cette intervention pendant la symétrisation.
L’aréole peut être reconstruite par greffe de peau prélevée le plus souvent dans région de l’aine (à la partie haute de la face interne de la cuisse, en zone pigmentée mais non pileuse), ou sur l’aréole du sein restant (en cas d’aréole large), ou plus rarement par tatouage (absence de relief, risque de décoloration).
Le mamelon peut être reconstruit grâce à la réalisation de petits lambeaux locaux (la couleur est alors celle de la peau locale) ou en prélevant une partie du mamelon de l’autre sein, (si celui-ci est proéminant).
Cette intervention se fait sous anesthésie locale ou sédation, en ambulatoire.
Le cas échéant, un geste chirurgical peut être associé au niveau du sein reconstruit, par exemple :
Faibles 2 (PAM, lipofilling, symetrisation, prothèse) modérée (2 à 3/7) (prothèse sous musculaire, grand dorsal), importante (4/7 )(grand dorsal étendu,et grand droit) calmée par antalgiques codéinés et morphiniques courte durée.
Pansement postopératoire modelant et compressif, soutien gorge modelant (prothèse) et non compressif (lipofilling), gaine de contention (grand droit).